Quand la maladie ébranle le couple : retrouver l’intimité et le désir après l’épreuve

26 Oct, 25 | Publications

 

Est-ce que l'amour est vraiment plus fort que tout ? Nous disons "oui", on se jure soutien, présence et amour dans la richesse et la pauvreté, dans la santé et la maladie. Mais quand cette maladie s'invite dans votre quotidien, elle ne frappe pas seulement un corps. Elle ébranle le socle de votre couple. Elle s’immisce dans vos nuits, dans vos projets, et surtout, dans votre intimité.

 

Le piège du silence : comprendre l'impact émotionnel de la maladie sur votre relation

Il est naturel de se sentir isolé, désemparé, voire en colère. Si vous êtes le partenaire aidant, vous pouvez vous sentir coupable d'être en bonne santé, épuisé par le rôle de soignant, ou frustré par la perte de votre vie "d'avant". Si vous êtes la personne malade, la honte, la peur de n'être plus désirable, et le sentiment de fardeau peuvent vous ronger.

Ce qui se joue, c'est une invisibilisation de la souffrance de l'autre. Parfois, par peur de surcharger la personne malade, le partenaire aidant tait son propre désarroi. Inversement, la personne malade, terrifiée à l'idée d'être un poids, s'enferme dans le silence et refuse l'aide. Le couple ne fonctionne plus comme un binôme d’égaux, mais comme une dynamique soignant/soigné. Le désir s'éteint, l'humour s'évapore, et le couple devient un champ de mines émotionnel.

Nous le voyons en consultation : ce n'est pas la maladie qui détruit le couple, mais le silence qui s'installe autour d'elle.

 

Du rôle d'amant à celui de soignant : quand la honte et l'épuisement créent une distance dans le couple

Prenons l'exemple de Laura* et Sébastien*, un couple que j'ai accompagné. Laura, pleine de vie, a été diagnostiquée avec une maladie auto-immune il y a deux ans. Ses douleurs chroniques rendaient l'intimité physique rare et douloureuse. Sébastien, l'aimait profondément, mais se sentait rejeté.

Sébastien proposait de l'aide pour les tâches ménagères, mais se sentait maladroit. Il n'osait plus initier de gestes tendres, craignant de provoquer une douleur ou de faire pression pour une relation sexuelle. Laura, de son côté, s'isolait. Elle avait l'impression d'avoir "volé" la vie joyeuse de Sébastien, et sa honte l'empêchait de lui parler de sa fatigue ou de ses peurs. Leurs conversations étaient réduites à de la logistique médicale. La passion avait laissé place à une affection fonctionnelle, presque fraternelle.

En séance, ils ont pu enfin nommer ce qui était innommable. Sébastien a exprimé sa peur de la voir souffrir, et Laura a confessé sa terreur d'être abandonnée. En quelques mois, ils ont appris à se redéfinir au-delà de la maladie, retrouvant des moments de légèreté et surtout, une nouvelle forme d'intimité basée sur l'acceptation et la parole vraie.

 

Mon approche en 3 étapes pour traverser la maladie ensemble

Mon approche thérapeutique vous invite à vous pencher sur ce qui se joue sous la surface. Guérir le couple, c'est d'abord déconstruire les mécanismes inconscients, puis agir sur le présent, pour enfin construire un avenir solide.

L'Étape 1 - Comprendre le passé :

Vos réactions face à la maladie de votre partenaire ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont souvent le symptôme de schémas de répétition hérités de vos histoires personnelles. Il s'agit ici de transfert : la maladie peut réactiver une peur ancienne, comme l'abandon (par exemple si un parent est tombé malade dans l'enfance) ou le sentiment de ne pas être digne d'amour inconditionnel. La personne malade rejoue parfois le rôle de "l'enfant à soigner", et le partenaire celui du "parent tout-puissant", déséquilibrant l'alliance adulte.

Je vous invite à vous poser ces questions. L'objectif n'est pas de tout analyser, mais de prendre conscience que vos blocages ne viennent pas de la maladie, mais de ce que la maladie réveille en vous :

  • "Quand mon partenaire est souffrant, quelle émotion de mon enfance cette situation réactive-t-elle en moi ?".
  • "En quoi ai-je le sentiment de devoir porter l'autre, et d'où vient cette croyance ?".
  • "Ai-je peur de l'abandon au point de m'épuiser à bien faire, ou ai-je peur de 'laisser' l'autre au point de m'isoler ?".

L'Étape 2 - Agir au présent :

Une fois que l'on comprend pourquoi on réagit, il faut changer comment on interagit. Durant l'étape 2, nous passons à l'action concrète avec des outils précis. Souvent, la tentative de solution (par exemple, le partenaire aidant insiste pour aider, la personne malade refuse) devient le problème.

Je vous propose deux exercices :

  • Fixez un rendez-vous (30 minutes, une fois par semaine) où il est strictement interdit de parler de la maladie, des rendez-vous médicaux ou encore des symptômes. L'objectif est de retrouver le couple amoureux et complice que vous étiez. L'idée est que vous changez la règle du jeu. Vous forcez le système à basculer du rôle "soignant/soigné" à "partenaires égaux".
  • Au lieu de viser le retour à une intimité sexuelle "normale" (un objectif trop grand et source d'anxiété), focalisez-vous sur des petits gestes tendres non-sexuels. Un massage de pied, un câlin silencieux sans attente, un moment de lecture dans les bras. L'idée est que vous réapprenez au corps et au cerveau que le contact est source de plaisir et de sécurité, pas de douleur ou de pression. Vous rétablissez une connexion physique positive pas à pas.

L'Étape 3 - Construire l'avenir :

Le but ultime est que le couple ne soit plus en survie, mais en construction. La maladie fait partie de votre vie, mais elle ne doit pas la définir. Il s'agit de solidifier les acquis pour que vous deveniez vos propres thérapeutes.

Je vous propose deux exercices :

  • Asseyez-vous ensemble et parlez de l'avenir tel que vous le souhaitez, en intégrant la réalité de la maladie. Parlez de vos projets de voyages (adaptés), de vos loisirs (repensés), de la manière dont vous voulez vieillir ensemble. (Laura, effrayée par l'avenir, a pu exprimer son désir d'écrire un livre sur son expérience. Sébastien a exprimé son rêve de faire un road-trip en van aménagé pour plus de confort. Ensemble, ils ont transformé une peur vague en un projet concret et adapté).
  • Chaque semaine, prenez quelques minutes pour dire à l'autre ce que vous admirez chez lui ou elle en dehors de la maladie ou de son rôle de soignant. L'idée est que vous rappelez à votre partenaire qu'il est bien plus qu'une maladie ou un aidant. Vous ancrez l'identité du couple dans la reconnaissance mutuelle et la valeur intrinsèque de chacun.

Un nouveau "Nous" est possible : message d'espoir et d'ouverture

La maladie est une épreuve immense. Elle vous force à vous regarder, à vous réinventer, et parfois, à vous choisir une nouvelle fois. Ce n'est pas un échec de demander de l'aide. Au contraire, c'est un acte de courage, une preuve d'amour et de foi en votre alliance que de dire : "Nous avons besoin d'un tiers pour nous aider à nommer ce qui nous échappe".

Votre histoire n'est pas finie. Elle est en mutation. Si ces mots ont résonné en vous, si vous sentez que le silence pèse trop lourd sur vos épaules, sachez qu'il est possible de retrouver la légèreté et la chaleur dans votre couple, même quand la vie vous impose de nouvelles règles. Le chemin vers un amour résilient commence par le premier pas : celui de la parole vraie.

J'accompagne les couples qui, comme vous, traversent ces tempêtes. C'est pourquoi je vous offre une première consultation de 30 minutes, gratuite, en visio.

Ce n'est pas qu'une simple prise de renseignements. Que nous choisissions de travailler ensemble par la suite ou non, ces 30 minutes sont un moment précieux pour :
✔ Déposer ce qui pèse vraiment. Mettre des mots, enfin, sur cette tension sourde ou ces non-dits qui se sont immiscés dans votre quotidien.
✔ Éclairer les dynamiques invisibles. Nous allons doucement explorer ce qui se joue sous la surface de vos conflits ou de votre distance.
✔ Sentir si mon accompagnement vous parle. Échanger sur la manière dont je peux vous guider et trouver la voie qui résonne le plus avec votre histoire.

 

Vous sentez encore l'hésitation ?

C'est normal, l'hésitation, c'est souvent la voix de vos peurs profondes qui essaient de vous protéger. Mais si on l'écoute trop, on reste paralysé dans une situation qui, elle, ne fait qu'empirer. Imaginez ce sac à dos de souffrances et de non-dits que vous portez. Mon invitation, c'est de vous autoriser à le déposer doucement. N'attendez pas que son poids devienne insupportable.

Il n'y a pas de moment "parfait", il n'y a que ce premier pas, courageux, vulnérable et sincère. Je vous propose de le faire avec moi. Venez vous autoriser à vous retrouver, avec plus de légèreté, de vérité et d'amour !

 

*Afin d'illustrer mes propos, j'ai choisi de vous partager quelques extraits de l'histoire de Laura et Sébastien, un couple que j'ai eu le privilège d'accompagner. Bien entendu, les extraits sont partagés avec leur accord et dans le respect de leur confidentialité (les prénoms ont été modifiés).

 

Jérémie Bessard.